mardi 25 février 2014

Partenariat : Mon numéro dans le désordre (Guillaume Fédou)

Je vous en parlais il y a quelques jours sur la page Les partenaires de ce blog, voici donc le premier partenariat avec Chroniques de la rentrée littéraire. J'ai eu le plaisir de recevoir ce livre, qui m'a tout de suite attirée par son titre original et sa couverture amusante - oui, un monsieur en slip kangourou, ça m'amuse. Je vous laisse découvrir mon avis.


On ne peut pas vraiment dire qu’Arthur Ganate soit heureux. Journaliste dans le milieu de la mode, il vient de se faire licencier et erre de soirée en soirée dans l’espoir que l’open bar et les jolies filles l’aideront à oublier. Oublier quoi, au juste ? Que sa mère est dépressive depuis son divorce d’avec son père, et que la famille a éclaté en morceaux ? Que quitter Bordeaux pour Paris n’a pas comblé toutes ses attentes, et qu’il est aujourd’hui plus seul que jamais ? Par amour pour cette mère qui s’éloigne de plus en plus, il décide de leur payer le voyage dont ils ont toujours rêvé : New York. Cependant, ce séjour qu’ils ont tant attendu ne se déroulera pas comme prévu, entre musées et sites touristiques. Non, car le 11 septembre 2001 arrive à grand pas et changera à tout jamais leur vision de l’existence..
Guillaume Fédou, qui a d’abord fait ses classes dans le monde de la musique, nous livre ici son premier roman. Il est parfois difficile de démêler l’autobiographique de la fiction : comme son personnage, l’auteur vient de Bordeaux et d’une famille plutôt aisée. Il avouait même, dans une interview de janvier 2013 : « Je veux prendre le monde en témoin de mes souffrances de bourgeois provincial ».
Car c’est bien cela qu’est Arthur : un enfant gâté qui, malgré les souffrances qui l’entourent (notamment la dépression de sa mère), ne pense qu’à lui. C’est frappant, surtout lorsque les deux tours s’effondrent. Son petit monde tourne autour des soirées parisiennes, des filles avec qui il n’arrive jamais à conclure, des regrets qu’il rumine sans cesse. Un bon point pour lui, cependant : il en est totalement conscient. Arthur est-il le parfait reflet de sa génération, égocentrique et qui aurait bien besoin d’un électrochoc ?
Ce fameux électrochoc qui touche New York impacte des millions de vies, et l’auteur nous donne l’occasion de vivre quelques jours bouillonnants et hors du temps au cœur de la ville. On croise des personnages plus typiques les uns que les autres, du rasta fumeur de joints à la patronne de restaurant sud-américain, en passant par la mère et la fille immigrées ne pouvant se payer ce dont elles ont besoin pour vivre. Le rêve américain, en quelques minutes, se transforme en cauchemar et tous les habitants sont emportés dans la peur et l’envie de vengeance.
Bien que ce roman soit présenté comme un voyage initiatique pour Arthur, c’est plutôt celui de sa mère que je retiens. Partant de très loin, accro aux médicaments et à l’alcool, elle sait trouver un nouvel élan au milieu des décombres et saisir les occasions qui se présentent à elle. On ressent beaucoup de peine pour ce personnage, qui a souffert de la tromperie de son mari et qui tente de se reconstruire comme elle peut.
En conclusion, j’ai beaucoup apprécié cette lecture, qui ravivera de douloureux souvenirs pour tous ceux qui ont connu le 11 septembre. C’est ce côté « vécu » qui m’a plu, ainsi que les personnages tout à fait crédibles – jusqu’à leur donner les pires défauts de notre époque. Entre rêve et réalité, les tribulations de ce duo mère-fils sonnent juste.
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