vendredi 7 juin 2013

Critique : Le bleu est une couleur chaude (Julie Maroh).

J'avoue que j'avais l'impression d'être la seule à ne pas avoir lu cette BD, qui avait gagné un prix à Angoulême en 2011 et qui a été adaptée au cinéma (ce qui a entraîné une Palme d'Or comme chacun-e le sait). J'ai donc décidé de réparer cette erreur. Il est évident que la partie "mon avis" contient des spoilers.


Résumé

La vie de Clémentine bascule le jour où elle rencontre Emma, une jeune fille aux cheveux bleus, qui lui fait découvrir toutes les facettes du désir. Elle lui permettra d’affronter enfin le regard des autres. Un récit tendre et sensible.

Mon avis

J'ai beaucoup aimé ce récit, qui décrit à merveille les étapes et les sentiments qu'on traverse à l'adolescence lorsqu'on se découvre "différent-e". Les doutes de Clémentine sont très bien retranscrits, ainsi que les moments difficiles qu'elle traverse dans son établissement scolaire lorsque les premières rumeurs voient le jour : ami-e-s qui tournent le dos, obligation de se cacher, etc. Le choix des couleurs, lui aussi, m'a plu. 

Cependant, j'ai été surprise par la rapidité de certains évènements  et les ellipses narratives qui nous font faire des bonds dans le futur. J'aurais aimé profiter plus longtemps des débuts du couple, de leur vie commune, avant de me retrouver projetée dans leurs difficultés et la tromperie de Clémentine. J'ai eu l'impression qu'on me "volait" leurs moments heureux, tant l'accent a été mis sur le négatif tout au long du récit (par exemple, la découverte de la relation par les parents de Clémentine et sa mise à la rue suite à cela). Bien sûr, il y a des moments de joie, mais ils sont moins nombreux à mes yeux.

Dès les premières pages, on apprend que Clémentine décède relativement jeune, et c'est par son journal intime (lu par Emma) que l'on découvre son/leur histoire. Il n'y a donc pas de surprise, si ce n'est quant à la nature de la mort. Et pourtant, j'ai été très émue dans les dernières pages, justement parce que j'ai eu l'impression qu'elles n'avaient pas pu vivre pleinement et longuement leur histoire. Un sentiment de gâchis, donc, et d'une réconciliation qui arrive trop tard.

Quant à l'adaptation, j'étais au départ plutôt curieuse de la voir. Néanmoins, vu les mauvaises critiques que j'ai lues de la part de lesbiennes/bies, et du fait que l'histoire ait subi des modifications (notamment la fin et le motif de séparation, apparemment), je ne suis plus si sûre de moi ! De plus, il y a eu plusieurs polémiques, notamment sur le traitement des technicien-ne-s, des figurant-e-s, les scènes de sexe plutôt irréalistes, etc. Pour répondre à cela, et notamment au manque de délicatesse du réalisateur envers elle, Julie Maroh a posté un article sur son site. Je vous conseille de le lire afin d'appréhender tout cela en contexte.

C'était donc une très bonne lecture, et je n'ai pas été déçue. J'ai tout à fait compris l'engouement autour de moi pour cette BD. Les histoires d'amour tortueuses et qui se terminent mal ont souvent du succès !
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