mercredi 15 avril 2015

Chronique : L'homme qui haïssait les femmes (Elise Fontenaille)


Résumé

Montréal, décembre 1989. Un matin comme les autres à Polytechnique. Soudain, en plein cours, un jeune homme fait irruption dans une salle. Il sort un fusil de son sac, abat toutes les filles de la classe, et va poursuivre son carnage dans les couloirs de l'école. Il ne vise que les femmes. Au total, il en tuera quatorze, avant de retourner l'arme contre lui. Pourquoi cette folie meurtrière chez un garçon apparemment sans histoire ? Par haine des féministes. Elles lui ont, écrivait-il avant de se tuer, gâché la vie... À partir d'un fait divers qui traumatisa le Québec, Élise Fontenaille dresse le portrait d'un enfant brûlé. 

Mon avis


L'année dernière marquait les 25 ans de la tuerie de Polytechnique à Montréal, tuerie dont on connait assez peu l'existence en France - à moins d'être féministe, et encore. L'une des explications avancées est que le mur de Berlin étant tombé quelques semaines avant à peine, l'attention des Européen•ne•s n'était pas tournée vers le Canada. 

C'est donc l'histoire d'un jeune homme, refusé deux fois à Polytechnique, qui décide que tous les malheurs de sa vie viennent des femmes. Pourtant, en creusant dans le passé du tueur, l'auteure nous dévoile plutôt que c'était son père qui le maltraitait. Pour se venger, il décide donc d'entrer dans Polytechnique et de tuer uniquement des femmes. Certains hommes seront blessés, mais la grande majorité survit. Certains garderont toute leur vie la culpabilité de n'avoir rien fait, voire mettront fin à leurs jours pour cette raison.

Si l'auteure a décidé d'exposer l'enfance et l'adolescence du tueur, ce n'est en rien pour excuser ses agissements. Elle cherche plutôt à comprendre comment il a pu en arriver là, et comment cet événement a également donné de la voix et de la force aux groupes masculinistes. Aujourd'hui encore, certains hommes se réclament de cette tuerie et n'hésitent pas à menacer, à dire : "Cela arrivera à nouveau".

Elle parle également des survivantes, des témoins, des familles, toutes les personnes qui ont été touchées de près ou de loin par le drame. Certaines s'en sont remises, voire se sont découvertes féministes, d'autres ont connu des séquelles trop importantes pour continuer à vivre.

Les chapitres sont courts, incisifs. Cela résume assez bien la totalité de l'oeuvre. On en ressort le souffle court, avec pour ma part de l'inquiétude sur l'avenir des femmes et du féminisme. 

Pour en savoir plus, vous pouvez également voir le film "Polytechnique", réalisé par Denis Villeneuve en 2009. Surtout, il me semble important d'en parler, de ne pas oublier. C'est ce que font les Québécoises depuis 25 ans : chaque années, des manifestations ont lieu en mémoire de ces étudiantes, dont le seul tort était d'être des femmes.

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