mercredi 28 février 2018

Chronique : Les années (Annie Ernaux)




Résumé

La photo en noir et blanc d'une petite fille en maillot de bain foncé, sur une plage de galets. En fond, des falaises. Elle est assise sur un rocher plat, ses jambes robustes étendues bien droites devant elle, les bras en appui sur le rocher, les yeux fermés, la tête légèrement penchée, souriant. Une épaisse natte brune ramenée par-devant, l'autre laissée dans le dos.

Tout révèle le désir de poser comme les stars dans Cinémonde ou la publicité d'Ambre solaire, d'échapper à son corps humiliant et sans importance de petite fille. Les cuisses plus claires, ainsi que le haut des bras, dessinent la forme d'une robe et indiquent le caractère exceptionnel, pour cette enfant, d'un séjour ou d'une sortie à la mer. La plage est déserte. Au dos : août 1949, Sotte ville-sur-Mer".


Au travers de photos et de souvenirs laissés par les événements, les mots et les choses, Annie Ernaux donne à ressentir le passage des années, de l'après-guerre à aujourd'hui. En même temps, elle inscrit l'existence dans une forme nouvelle d'autobiographie, impersonnelle et collective.

Mon avis

Un Annie Ernaux de plus ! Et non des moindres. Lorsqu'on conseille cette autrice, les titres que je vois revenir le plus sont L'événement  et Les années

Comme souvent, le démarrage a été un peu difficile. Il faut dire que l'écriture d'Annie Ernaux est dense, pas forcément structurée de manière classique, et que les phrases sont longues. Une fois qu'on a pris l'habitude, cela devient plus facile de la lire à nouveau.

Dans cette autobiographie d'un genre particulier, l'autrice retrace sa vie, des années 40 aux années 2000. Un énorme travail sur sa mémoire, pour faire ressortir les événements marquants, les personnes, les lieux. 

A l'aide de photos, également, elle trace le portrait d'une enfant, d'une adolescente, d'une jeune femme puis d'une femme, jusqu'à la retraite. Ce moment marque enfin le temps de l'écriture, de ce projet enfoui en elle depuis des années, mais qu'elle n'avait pas eu le loisir de mettre sur papier.

Evidemment, les années à partir de 1990 ont été plus parlantes pour moi. Le nom des guerres, des personnalités politiques, des stars, me sont familiers. Pourtant, on se plonge facilement dans les périodes précédentes, avec l'impression de vivre aux côtés de l'autrice. 

Certains points nous rappellent avec délectation d'autres romans (Annecy et La femme gelée, l'absence des règles et L’événement, l'amour et Passion simple...).

Par-dessus tout, on ressent le passage du temps, l'évolution du statut social, le besoin de liberté, l'éloignement d'avec la famille. Cette dernière reste présente malgré tout, même si les générations changent, avec les repas dominicaux comme un fil rouge.

Si je n'ai pas eu le coup de cœur attendu (peut-être trop d'attentes au vu des avis ?), j'ai de plus en plus apprécié cette lecture au fil des pages, et aimé plonger dans la vie si riche d'Annie Ernaux. 

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