vendredi 26 juillet 2013

Critique : Rien ne s'oppose à la nuit (Delphine de Vigan).

Encore un qui était dans ma pile à lire depuis longtemps.. si longtemps que j'avais totalement oublié la quatrième de couverture (ebook), et que j'ai donc commencé ma lecture sans savoir de quoi on allait bien pouvoir me parler. Je ne regrette pas du tout ce "choix involontaire", au final !


Résumé

La douleur de Lucile, ma mère, a fait partie de notre enfance et plus tard de notre vie d'adulte, la douleur de Lucile sans doute nous constitue, ma soeur et moi, mais toute tentative d'explication est vouée à l'échec. L'écriture n'y peut rien, tout au plus me permet-elle de poser les questions et d'interroger la mémoire. La famille de Lucile, la nôtre par conséquent, a suscité tout au long de son histoire de nombreux hypothèses et commentaires. Les gens que j'ai croisés au cours de mes recherches parlent de fascination ; je l'ai souvent entendu dire dans mon enfance. Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire, l'écho inlassable des morts, et le retentissement du désastre. Aujourd hui je sais aussi qu'elle illustre, comme tant d'autres familles, le pouvoir de destruction du Verbe, et celui du silence. Le livre, peut-être, ne serait rien d'autre que ça, le récit de cette quête, contiendrait en lui-même sa propre genèse, ses errances narratives, ses tentatives inachevées. Mais il serait cet élan, de moi vers elle, hésitant et inabouti. 

Mon avis

Dès la première page, le décor est planté : l'auteure retrouve sa mère morte, dans sa chambre. Elle s'est suicidée. Par la suite, elle tente d'expliquer, au lecteur mais aussi à sa famille, et à elle-même, le parcours de cette femme complexe et fascinante. Elle alterne pour cela les chapitres in situ (en commençant par l'enfance de Lucile) et les chapitres plus personnels, où elle parle de son ressenti durant l'écriture (difficile, il faut l'avouer) de ce livre.

C'est un énorme travail de recherche qu'elle a effectué : écoute de cassettes, visionnages de films et photos de familles, entretiens avec les personnes de l'entourage qui sont encore en vie, etc. Le résultat est admirable, et elle réussit à nous plonger totalement dans l'histoire de cette famille nombreuse qui suscite de nombreux sentiments - amour, amitié, jalousie, attirance, fascination.

On reste sans voix devant le parcours de ces personnes, jonché de drames qui, pour la plupart, se répètent de génération en génération. On assiste à des accidents mortels, des suicides, des maladies mentales, des relations incestueuses. Tout ça dans une même famille. Comme elle le dit souvent, "ça commençait à faire beaucoup". Mais c'est aussi ces événements qui façonnent les personnalités, les relations familiales, et la vie d'aujourd'hui de Delphine et Manon, les filles de Lucile.

Jusqu'au bout, elles soutiennent leur mère (même si, parfois, l'envie est grande d'envoyer bouler cette maman malade et insupportable) et espèrent une guérison. Pourtant, et nous le comprenons largement grâce au récit de sa vie, Lucile ne peut plus tenir, ne veut plus. Elle veut mourir "tant qu'elle est encore vivante". Cette phrase m'a beaucoup marquée.

C'est une histoire magnifique, poignante et qui scotche par sa véracité. Elle nous met face à nos propres histoires familiales, donne envie de creuser nous aussi dans ces histoires qu'on tait souvent, et que les générations précédentes gardent jalousement...




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