dimanche 14 juillet 2013

Critique : Un troussage de domestique (coord. Christine Delphy)

Au dernier Noël, j'ai eu la chance de recevoir de la part de mon meilleur ami deux livres dont on me parlait depuis fort longtemps : King Kong théorie de Despentes, et celui-ci, que j'ai enfin lu.


Résumé

On a réuni ici quelques-uns des textes écrits par des féministes pendant les premières semaines ayant suivi le 14 mai, date de l'arrestation de Dominique Strauss-Kahn. Pas sur l'affaire judiciaire elle-même. Pas sur le fait de savoir si Dominique Strauss-Kahn est, ou sera, déclaré coupable ou non coupable. Non : le sujet de ce livre, c'est ce que l'immense majorité des réactions de nos "élites" disent de la société française, aujourd'hui, en 2011. Des coeurs meurtris des amis ont surgi des cris d'une sincérité rare, qui, perçant le mur de la langue de bois, nous ont révélé la vérité de ces coeurs: ils sont remplis d'une misogynie dont la profondeur n'a d'égale que leur arrogance de classe. Les féministes sont les dernières à croire aux déclarations des politiques sur la "centralité" de "l'égalité hommes-femmes" dans les "valeurs françaises". Et cependant, nous avons été surprises de la distance entre ces versions officielles et les vrais sentiments, de la facilité avec laquelle ils passent d'un discours à l'autre, selon l'opportunité. C'est le sujet de ce livre.

Mon avis

Inutile de préciser que c'est un recueil de textes qui prend aux tripes, vraiment. Je n'ai pu que le lire en plusieurs fois, tant j'avais l'impression de faire une overdose de connerie de la part des médias et des personnes qui ont pris la parole pendant cette "affaire". Hommes, femmes, du milieu politique ou autre, ont déversé des torrents de merde - désolée, mais tout cela me rend vulgaire. Une phrase qui restera à jamais gravée dans ma mémoire, émanant de ce cher Jack Lang : "il n'y a pas mort d'homme".

On est ici devant la culture du viol dans toute sa splendeur : il semble impossible qu'un homme du rang de DSK, blanc, riche, viole une femme (le mot viol étant soigneusement évité par les journalistes), qui plus est une simple femme de ménage ! Il pourrait toutes les avoir, voyons ! C'est forcément une menteuse. Les journaux titrent seulement sur l'homme, la violence de ce qui lui arrive, sa chute si proche des élections françaises, le complot qui le touche sûrement. Rien sur elle, si ce n'est qu'on va fouiller son passé pour prouver qu'elle ment. Les différentes affaires semblables ayant eu lieu dans le passé ne changent rien à la donne : on tombe des nues.

Cet ouvrage m'a permis, avec notamment la comparaison du Québec, de voir à quel point la France était en retard au niveau de la recherche sur les femmes, la violence, qu'elles subissent. J'ai furieusement envie de me lancer là-dedans, alors que jusque-là cela me repoussait. Comme quoi !

Pour un autre regard, je vous propose de lire l'article de Crêpe Georgette : DSK, Delphy et les féministes. Cela me rend triste de savoir que la majorité de celleux qui liront ce livre sont déjà des féministes. Mais, si je pouvais donner envie à seulement à une personne de le faire, alors j'en serais très heureuse !

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