mardi 5 août 2014

Chronique : Le Zèbre (Alexandre Jardin)


Résumé


Gaspard Sauvage, dit le Zèbre, refuse de croire au déclin des passions. Bien que notaire de province, condition qui ne porte guère aux extravagances, le Zèbre est de ces irréguliers qui vivent au rythme de leurs humeurs fantasques.


Quinze ans après avoir épousé Camille, il décide de ressusciter l'ardeur des premiers temps de leur liaison. Insensiblement, la ferveur de leurs étreintes s'est muée en une complicité de vieux époux. Cette déconfiture désole Gaspard. Loin de se résigner, il part à la reconquête de sa femme.

Grâce à des procédés cocasses et à des stratagèmes rocambolesques, il redeviendra celui qu'il n'aurait jamais dû cesser d'être : l'Amant de Camille, l'homme de ses rêves. Même la mort pour lui n'est pas un obstacle.



Mon avis

La quatrième de couverture m'avait induite en erreur : je m'attendais à du romantisme, un couple qui décide ensemble de "se ressaisir", des surprises mignonnes, vous voyez un peu le tableau. Que nenni ! Ici, Alexandre Jardin m'a écœurée, m'a fait peur. Ma critique contiendra donc beaucoup de spoilers, car j'ai besoin de vous expliquer en quoi ce roman est problématique à mes yeux.

D'une part, l'envie de "réanimer le couple" vient de Gaspard seulement. Sa femme semble moyennent motivée, pourtant il l'oblige à plusieurs reprises à participer à des "jeux", l'engueulant même lorsqu'elle lui explique qu'elle est fatiguée et préférerait se coucher (il lui lance même un seau d'eau froide au visage).

S'en suivent des pages et des pages de manipulation : lui envoyer des lettres d'amour en se faisant passer pour un inconnu et la pousser à l'adultère avec cet "inconnu" ; simuler une rupture puis un suicide pour lui provoquer des "déclics" sensés lui montrer à quel point elle tient à lui ; invention d'une liaison extra-conjugale pour la rendre jalouse et, là aussi, provoquer une réaction d'amour chez elle. Pire, il collectionne ses ongles (??), ses cheveux et ses sous-vêtements, créant un véritable autel à sa gloire. Effrayant, comme je vous disais.

J'avais hâte de terminer ma lecture. Pour moi, l'amour et le romantisme, ce n'est pas ça. Je comprends que l'auteur ait voulu parler de la routine du couple, de ce qu'on peut faire pour en sortir, mais il est totalement à côté de la plaque et il nous livre des conseils qui peuvent vraiment être dangereux. Sérieusement, qui simulerait un suicide pour forcer l'autre à se dire "mince, je ne peux pas vivre sans cette personne, en fait !". Vous trouvez ça sain ?

Bref, cette chronique relève plus de la dénonciation, j'en suis consciente : mais je ne peux pas laisser passer de telles choses. C'est le second et dernier livre d'Alexandre Jardin que je lis, car décidément il a une drôle de vision de l'amour et des relations...

Edit : on m'a fait remarquer (à juste titre) que l'auteur et le personnage ne faisaient pas qu'un, et que l'auteur n'était pas forcément d'accord avec les agissements de ses personnages. Certes. Cependant, j'ai l'impression que cet auteur a une sacré tendance à "explorer" (pour ne pas dire autre chose) les relations malsaines, et je n'ai pas/plus envie de lire ce genre de romans.

1 commentaire:

  1. Je n'ai jamais lu du Alexandre Jardin, donc je n'ai pas lu ce livre, mais un film a été tiré de ce livre il y a une vingtaine d'années. Je pense qu'il ne faut pas forcément prendre le personnage principal pour un porte-parole de la vision que l'auteur a de l'amour et de la vie. Il faut peut-être davantage le voir comme un personnage à la philosophie radicale, dont l'auteur essaye de raconter le comportement et, peut-être, d'explorer la psychologie sans pour autant l'adopter... Le malaise que tu ressens est probablement voulu par l'auteur, et la description d'un amour fou n'est pas nécessairement "valorisante" pour ceux qui le vivent en dépit de toute raison, de toute prise en compte des désirs et des peurs de l'autre.

    Après tout, le héros d'un roman n'a pas toujours à être le prolongement de l'auteur, et sans vouloir forcément le dénoncer (ni l'approuver), l'écrivain cherche souvent à comprendre son personnage "extrême" en décrivant ses actions farfelues et sa logique tordue...

    Pour reprendre un exemple récent sur ton blog, Philippe Djian n'approuve pas forcément le fait de se taper ses étudiantes, de cacher sa schizophrénie à son entourage ou de pratiquer l'inceste : il écrit juste sur un personnage qui le fait.

    Encore une fois, je ne sais pas trop de quoi je parle vu que je n'ai pas lu le livre, mais je voulais juste dire que le discours et la logique du personnage principal n'ont pas forcément à être pris pour ceux de l'auteur. :)

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