lundi 30 novembre 2015

Chronique : La petite communiste qui ne souriait jamais (Lola Lafon)


Résumé

Parce qu’elle est fascinée par le destin de la miraculeuse petite gymnaste roumaine de quatorze ans apparue aux JO de Montréal en 1976 pour mettre à mal guerres froides, ordinateurs et records au point d’accéder au statut de mythe planétaire, la narratrice de ce roman entreprend de raconter ce qu’elle imagine de l’expérience que vécut cette prodigieuse fillette, symbole d’une Europe révolue, venue, par la seule pureté de ses gestes, incarner aux yeux désabusés du monde le rêve d’une enfance éternelle. Mais quelle version retenir du parcours de cette petite communiste qui ne souriait jamais et qui voltigea, d’Est en Ouest, devant ses juges, sportifs, politiques ou médiatiques, entre adoration des foules et manipulations étatiques ?


Mon avis


Vous commencez à avoir l'habitude avec moi : j'ai souvent beaucoup de retard dans les "modes" livresques. Je me souviens, en effet, du moment où tout le monde ou presque semblait lire La petite communiste qui ne souriait jamais. À ce moment-là, le titre ne m'évoquait rien et je n'avais pas spécialement envie de me jeter dessus. Et puis, en 2015, allez savoir pourquoi : j'ai changé d'avis. Et j'ai bien fait !

Moi qui n'étais pas née en 1976, lors des JO d'été de Montréal, j'ai découvert de toutes pièces l'histoire de cette athlète roumaine : Nadia Comăneci. Si le récit mélange réalité et fiction, le point de départ est bien réel : Nadia, à 14 ans, devient la première gymnaste au monde à obtenir la note parfaite, le 10 inatteignable jusque-là, aux barres asymétriques. Sans le vouloir, elle redéfinit les exigences de la gymnastique : soudain, ses concurrentes paraissent trop âgées (alors qu'elles n'ont que 16 ans !), bien trop enrobées à côté de la pré-adolescente fluette.

Forcément, après l'obtention de ces 10 lors de la compétition Montréalaise, Nadia est entraînée dans un tourbillon un peu fou : on attend toujours plus d'elle, quitte à réaliser des figures qui seront par la suite interdites - car trop dangereuses. Et, surtout, on ne la rate pas au tournant quand elle a l'audace de changer, de "devenir une femme" comme ils disent. On n'ose imaginer la pression que cela représentait pour une si jeune fille !

En fond, le communisme de la Roumanie. Là encore, malgré les cours d'histoire suivis, je présentais quelques lacunes et j'ai beaucoup appris sur le mode de vie des gens à cette époque-là : Lola Lafon a effectué un énorme travail de recherche pour retranscrire au mieux le contexte.

Finalement, ce qui m'a le plus marquée dans cette lecture, c'est la discrétion de Nadia et son sacrifice entier pour sa discipline. Longtemps, elle tente de satisfaire le monde entier : les journalistes, le monde sportif, son coach, le public et surtout le pouvoir roumain. Et puis, parce que les attentes sont trop fortes et qu'elle reste une adolescente, parce qu'elle sait que les gens finiront par se lasser d'elle, elle finit par se rebeller et tenter de prendre son envol.

Aujourd'hui, Nadia a 54 ans. Et je ne résiste pas au plaisir de partager avec vous cette vidéosde ses performances en 1976 :




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